triste, seulement triste

L’hiver s’enfuit à petits pas.

L’homme est triste, seulement triste.

Le temps lui semble irrationnel dans son incessant mouvement.

Il veut, désire ardemment, un temps lent, qu’il aura loisir d’apprécier.

Ce jour, il réorganise tous ses jardins : intimes et ceux de la nature.

Ses gestes raisonnés débroussaillent, plantent, aèrent la terre.

Son cerveau se libère ainsi, des peurs, appréhensions et impatiences.

Positionné dans «le lâcher-prise». Il se situe dans l’instant.

D’apprécier la renaissance de la nature dans une myriade de teintes innocentes et du ciel bleu limpide.

L’homme sent monter en lui une sève vigoureuse et des sensations oubliées.

Nature et mental associés fonctionnent de pair.

Par son choix, l’homme s’est légèrement grandi.

Suffisamment, pour affronter les temps à venir : les étés ensoleillés et d’autres hivers ternes.

Il pourrait être malheureux de constater que ses mains «grandes

et ouvertes» ne peuvent pas tout arrêter, ni tout contenir.

Mais il ne l’est pas. Il s’est installé dans sa vie imparfaite.

Mireille

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Triste seulement triste ?

Quelle idée ?

Quelle réalité ?

Je te vois sourire, et même rire

comment, oses-tu me dire que tu es triste ?

Triste à t'en décrocher la mâchoire ?

Voilà qui est nouveau

triste seulement triste

heureusement !

tu ne vas qu'en même pas nous en faire toute une histoire alors qu'il ne s'agit que d'une vulgaire pomme

une pomme te rend triste ?

Je vais t'expliquer comment t'en passer ?

Et tomber en pâmoison devant une autre, plus belle, plus dodue, plus rouge, plus charnue, plus juteuse

tu ne veux pas ? décidément tu me connais bien mal

Ève a croqué la pomme

moi, je suis le serpent qui rampe, ventre tendu, écailles au vent, la méchanceté cachée sous ma langue bifide

golden ? tu as dit, mais de quoi tu parles ? La golden n'est pas une pomme, tu dis que tu aimes la nature, les vergers, les fleurs et les oiseaux

as-tu déjà vu un oiseau se poser sur une golden ?

Viens dans mon jardin, je vais te montrer le grand pommier, de pleins vents, comme on dit, il ne demande rien, que de la terre malaxée par les vers de terre et les galeries des taupes

il se contente de l'eau du ciel

il se contente du soleil

il se contente de la brise qui dissémine ses fleurs comme des confetti au printemps

viens donne moi ta main,

aujourd'hui est une journée chaude, l'été est là

regarde toutes ces boules rouges qui luisent à hauteur de main

non, pas celle-ci, il y a un petit trou, un ver y a élu domicile, pourtant elle doit être bonne, tu sais c'est comme lorsque j'étais petite, les meilleurs camemberts étaient ceux dans lesquels grouillaient les vers de fromage qui servaient pour aller à la pêche au vairon près de l'écluse.

Là, c'est elle, moins grosse que ta golden de serre qui n'a jamais vu le soleil, tends ta main, touche-la, fait tourner son pédoncule et hop la voici dans ta main,

même pas besoin de l'essuyer elle est propre comme un sou neuf qui brille

tu ne le regretteras pas, ose, fais-moi confiance

croque

le jus coule sur tes doigts, tu avais déjà vu une golden avec un si beau jus

es-tu encore triste ?

Seulement un peu triste pour une pomme ?

ton sourire est revenu

viens allons chercher un grand panier nous allons le remplir

et promets-moi de ne plus acheter de golden ou alors, si tu es triste, les petites celles qui viennent des montagnes.

Celles qui ont la peau dorée et souriante et qui n'ont pas traversé les océans dans des grands containers réfrigérés,

celles qui ont muri sur l'arbre qui ont une vraie saveur

allez je ne t'ennuie plus avec tes pommes, allons boire un verre de cidre pour nous changer les idées.

Elisabeth Capuana

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triste, seulement triste (Avatar le film)

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