Une parenthèse pour partager les textes écrits et interprétés par des "plumes magiques" d'aujourd'hui ou d'hier, autour de l'univers si riche et poétique de Claude NOUGARO, auprès de Laurent Malot .
Un hommage, ô mon païs
Danse sur mon corps
L'iPod et le sillon
Apprends-moi tes quinze ans
Le 7ème ciel
Photo jaunie
Il faut tourner la page
Nougar'hommage
Un hommage, ô mon pais
Enfant de la castagne, en sabot de satin
Corps à couteau tiré, se plie comme un roseau
Fais des signes aux étoiles, en trépignant des poings
Les ailes sur les pointes, prend l’envol de l’oiseau.
Ta passion c’est une cage dans l’espace, une danse
Pas par pas, bond par bond, aux tambours brésiliens
À la barre de chêne, petits rats en cadence
Ivre de saut de puce, l’oiseau brise les liens.
Gai, gai, gai, ta tête est un oiseau guerrier
Gai, gai, gai, ton corps, au taureau d’acier
Venez, agneaux sacrés, déposez vos sagaies
Terre et ciel se marient, l’amour n’est pas sorcier
Ta belle ville rose, palette de couleur
Une fleur de corail, ce joyau dans l’écrin
Ensemencée de briques, rouge en son honneur
Le canal du midi, l’eau verte en son sein.
Le Capitole renvoie, l’écho de cette voix
Dans tes tripes de jazz, une bulle qui trempe
Le refrain de la pierre, témoin de ton papa
Ton seul chanteur de blues, aux mille feux de la rampe.
Mon païs, Toulouse, lointain aussi présent
Mais un amour sorcier abolit la distance
Le torrent de cailloux baptise ton accent
Dans ton cœur, les violettes se font parfois violence
Agnès
Danse sur mon corps
Danse sur mon corps
Comme le souffle d’un cor
L’amour est-il sorcier
Qu’il te fait te noyer
Danse, dans mon âme
Tu n’auras pas de blâme
Le sorcier et ses mots
Nous délivrent des maux
Danse, danse, danse
Au rythme de ta fièvre
Ton tempo sur mes lèvres
Me donne la cadence
Danse, danse,
Au rythme du désir
Du feu de ton sourire
Naitra l'incandescence
Entre ton ciel et ma terre
C’est peut-être l’inventaire
Ton esprit tout en haut
Me balance au galop
Dans le rêve, la magie
Le désir et l'envie
Le temps reprend l’écho
L'amour comme un cadeau
Le sorcier fait son miel
Parlant avec le ciel
La vie fait de son mieux
Le rêve est au milieu
J’ai vu couler des larmes
J’ai vu l’épée, la lame
Sur le bord de tes yeux
Comme la pluie des cieux
Lydie
L'iPod et le sillon
iPod, sur les oreilles tu t'éloignes, tu t'en vas
Tes vingt-six ans si fiers m'emportent vers mon passé
Mon visage est humide, le fleuve a trop coulé
Mon enfant ; ta jeunesse me replonge là-bas.
Je revois grand-maman assise dans le salon
Le chat sur ses genoux dans le creux du divan
La longue aiguille froide pénètre le sillon
La manivelle couine et remonte le temps
Le rhum sur les gaufres enflamme mes papilles
Grand-papa les dépose sur un plateau doré
La musique s'est tue, le temps que je grappille
Le souvenir sucré du dessert adoré
La pause est terminée, la musique reprend
Bémols et bécarres pénètrent mes tympans
Mon ventre est tout tendu, et tombe sous le charme
L'Oiseau de Feu jaillit et de Falla m'enflamme
La nostalgie surgit, grand-père n'est plus là
Sa baguette de chef dans son écrin de soie
T'attend depuis longtemps, mon fils elle est à toi
Débranche ton iPod et prends là dans tes bras.
D'autres rythmes m'appellent, je me mets en danger
Les sons anachroniques, les frissons dans le dos
Nougaro n'est pas né, il faudra l'inventer
La Garonne l'attend comme le plus beau cadeau.
Élisabeth
Apprends-moi tes quinze ans
Apprends-moi ta jeunesse
Apprends-moi ta tendresse
Écris-moi les paroles
De tes quinze ans frivoles
Près de moi sans murmure
Dépeins-moi sur le mur
Les couleurs de ton temps
Qui riment avec printemps
Prête-moi, donne-moi tes quinze ans doucement
Qui s'en vont dans le vent tournoyant, virevoltant
Prête-moi, donne-moi tes quinze ans doucement
Qui se moquent du vent, qui se moquent du temps.
Tisse avec moi la toile
Qui monte jusqu’à l’étoile
De l’immense infini
Au doux parfum d’anis
Je te regarde vivre
Je te vois me sourire
J'ai vécu tant de choses
Tu vis le temps des roses
Tu danses sur les mots
Tu parles en gromelots
Tu enjambes les ponts
Tu râles sur tous les tons
Raconte-moi les gros mots
Tes injures, tes complots
Compte-moi tes ivresses
Insolente jeunesse
Ne me demande pas
Ne me questionne pas
Demain est déjà là
Attends-le avec moi
Sophie
Le 7ème ciel
La vie nous file sous les doigts, peut-être
Pour ma part, aurai-je le temps de la voir
Habiter la personne que j’aurai voulu être
À l’abri du regard, je suis face au miroir
Avec mes rides vides, et les poches sous les yeux
Ridules d’expression de plus chaque matin
La bedaine plus ronde, fils blancs dans les cheveux
Et le souci de plaire au diable les chagrins.
Que voulez-vous, je marche moins bien que je ne danse
Je glisse sur des sons, moi la mémé castagne
Et je m’accroche aux bras des messieurs en cadence
Qui se rira de moi goûtera de ma canne.
Encore une belle journée aux cornes d’abondance
Je porte toujours le rouge des belles lingeries
Le beau reste à venir, je plonge dans l’espérance
Et je suis amoureuse, je veux mourir guérie.
Et je croque la vie, la vie pleine de miel
Et même si mes artères ne s’en portent pas mieux
Je mourrai en passant par le 7ème ciel
Je grimp’rai au rideau avant d’aller voir Dieu.
Agnès
Photo jaunie
Ce sont des jours heureux au parfum de douceur
Des jours sans souvenirs, sans ombre, est-ce possible,
Sur les photos usées, l’affection est visible
Nous avons entassé les images du bonheur.
Le chien vient en jappant pour être sur la photo
Je place le baigneur au milieu des poupées
Je suis si fier, tout cela c’est mes jouets
Maman me dit : n’oublie pas ton manteau
Le soleil est présent ,il donne de la couleur
Bientôt dans le jardin, il y aura des fleurs.
L’album est tombé, les photos sont éparses
Une petite image, c’est déjà une histoire
Les journées de soleil éclairent ma mémoire
Sur le cahier jauni, il reste cet espace
Carré de mémoire blanc, appel du lointain
Souvenirs attachants, qui me tendent leurs mains.
Jacqueline
Il faut tourner la page
Il faut tourner la page quand les mots font trop mal
Quand l’histoire est finie et que le temps s’emballe
Il faut tourner la page pour éviter l’enfer
L’enfer avec ses flammes et ses coups de tonnerre.
Il faut tourner la page et ses lignes brisées
Et le sang rouge vif qui se met à couler
Mes plaies encore humides qui cherchent le garrot
Tu pars et tu me laisses, gisant sur le carreau.
La chambre toute vide abrite le noir fantôme
De la cave au grenier, partout la mort qui rôde
La mort et son cortège de peine et de chagrin
Les amis qui s’affligent de mon si lourd dessein.
Devant le lourd tribut aux dieux restitués
Les larmes et les chagrins sont le prix à payer
La vie fait le détour, elle s’offre une ritournelle
Et l’oiseau malheureux s’enfuit à tire-d’aile.
Demain est une promesse, je saisis mon destin
Le renouveau, la vie, un espoir lointain
L’appétit reviendra avec le mimosa
Le chant de la fauvette au champ retentira.
Jacqueline
Nougar'hommage
Tu viens en claudiquant sur des rythmes ternaires
Attisé par le feu des projos sur ton front
Tu as l’âme en écharpe, tu tangues tes mystères
Capitaine au long cours, tu occupes le pont.
Le pont ou bien la scène c’est du pareil au même
Le désir, le danger s’embrassent passionnément
Tu es seul à la proue face à la mer humaine
Qui pille ta salive et boit tes larmes de sang.
Sans ta voix, Toulouse
Désormais a le blues
O Garonne, arrête de pleurer
De là haut, Nougaro
Lance-nous ta pluie de mots
Pour nous consoler
La magie solitaire du pont de ta Garonne
Fait briller mille feux d’un lointain firmament
Et ta voix de cailloux, vibrante, fanfaronne
Embrasant de son souffle, la passion des amants.
Dans la salle, ils sont là, trépignant sur des bancs
Ils ont autour du cou la même écharpe blanche
Lumineux étendard, signe de ralliement
Ils se pendent à tes mots comme aux plus hautes branches.
Sans ta voix, Toulouse
… Viens nous envelopper
Petit taureau, tu pleures au milieu de l’arène
Tu te frottes et tu cognes, l’Espagne te regarde
Rose aux joues, rouges au front, tu vas vaincre la reine
La reine des abeilles qui d’amour te canarde.
Tu as reçu l’Afrique en guise d’héritage
Toi pygmée occitan aux semelles de swing
Va tutoyer Monroe au sommet des nuages
Comme au temps fabuleux de la Metro Goldwyn.
Sans ta voix, Toulouse
… Arrête de bouder
Es-tu l’amour sorcier, quand je danse sur toi
Les sabots de satin et le vol du frelon
Le petit taureau noir trépignant sous les toits
Et le public ému qui reprend ta chanson
(texte collectif)
MUSIQUES et MUSICIENS : La Passerelle du Conservatoire de Colombes et les professeurs
CHANTEURS : Agnès, Elisabeth, Lydie, Jacqueline et Mireille ainsi que Françoise, Monique, Sophie P., Philippe et Claude.